L’impact du réchauffement climatique sur le monde viticole en France
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Ce réchauffement se traduit par beaucoup d’épisodes climatiques extrêmes qui affectent tout particulièrement la vigne. On pense en premier à la chaleur et la sècheresse qui ont fortement impacté le millésime 2022 dans toutes les régions, provoquant également des incendies dévastateurs en Aquitaine notamment.
Le climat doux hivernal pousse la vigne débourrer plus tôt et s’exposer au gel printanier qui peut facilement ruiner les premiers bourgeons. La grêle lors des orages d’été laisse d’important dégâts, tout autant que les inondations qui propagent les maladies de vigne… Chaque épisode extrême fait prendre conscience aux vignerons qu’il est important d’agir contre le réchauffement climatique. On note d’ailleurs que le monde viticole est devenu l’un des secteurs économiques le moins climatosceptique car chaque millésime est directement touché par les fluctuations du climat. La fameuse « année normale » dont parle chaque vigneron devient de plus en plus anormale.

Concrètement, comment le changement climatique impacte la vigne ?
Les étapes du développement de la vigne ont évolué depuis plusieurs décennies. En effet, dues aux températures hivernales plus douces, la vigne débourre de plus en plus tôt, ce qui pose un problème lors des premières gelées auxquelles elle est donc exposée. La période des vendanges a elle aussi changé et se déroule environ deux à trois semaines plus tôt par rapport aux années 80.
Le réchauffement climatique n’influence pas seulement les étapes du développement de la vigne, il impacte également la qualité des raisins et donc du vin. Plusieurs facteurs vont jouer sur la qualité. Par exemple, lors des épisodes de sécheresse extrême, la vigne se retrouve en stress hydrique. Ce phénomène entraine le diminution des échanges gazeux (photosynthèse et transpiration) et provoque un arrêt précoce de la croissance végétative. Il peut causer des pertes de rendement considérables car moins de baies par pied de vigne et des raisins plus petits.
Le réchauffement climatique impacte donc directement la qualité des raisins et, la chaleur les rend plus sucrés. Ce qui rend des vins plus alcoolisés et moins acides, l’équilibre tant important dans un bon vin est alors perdu. Le vin est plus plat, beaucoup plus instable, moins apte au vieillissement, et plus difficile à conserver. Les vins trop forts en alcools ne sont pas vraiment adaptés à la demande actuelle ce qui amène les vignerons à chercher des alternatives. On note que dans toutes les régions viticoles les vins prennent environ 0.5° à 1° d’alcool par décennie depuis une trentaine d’années. Les vins perdent petit à petit leur identité historique et changent au fil du temps.
Quelles sont les solutions afin de lutter contre le réchauffement climatique en vigne ?
La première solution est le changement des pratiques viticoles qui est déjà en cours d’évolution depuis plusieurs années. Les vignerons ont été contraints par la force des choses d’utiliser de nouvelles techniques de taille, d’irrigation ou encore d’enherbement.
Le Château Cohola situé dans la vallée du Rhône l’a bien compris. Jérôme et Cheli ont choisi d’utiliser une conduite de vigne en échalas car elle présente plusieurs avantages. Chaque pied de vigne pousse sur échalas, un piquet pouvant mesurer jusqu’à deux mètres. Cette technique à l’avantage de permettre à la vigne de se faire elle-même de l’ombre et ainsi de mieux résister en cas de canicule. Cela permet également au vent de mieux circuler et donc de mieux sécher les raisins afin d’éviter les maladies.

Certains vignerons choisissent d’irriguer leurs vignes lors des sécheresses. Une solution peu écologique mais justifié selon eux comme nécessaire à la survie de leur vignoble. Les avis sont controversés et l’irrigation est interdite ou très règlementée en fonction des AOP.
Ces changements de pratiques sont efficaces aujourd’hui mais seront-ils efficaces sur le long terme ?
Une idée très intéressante est d’encourager la mise en place et développement des champignons mycorhiziens dans la vigne. La vigne et les champignons travail en symbiose. Les champignons captent l’eau avec leurs longs filaments qui peut couvrir une surface entre 40 et 100m² pour chaque 1m², et le fournir aux racines de la vigne. En échange, la vigne apporte du CO² lors de la photosynthèse aux champignons.

Voici la liste des nouveaux cépages autorisés (Source : bordeaux.com) :
Cépages rouges :
- Arinarnoa (origine INRA, 1956) : issu du croisement entre le Tannat et le Cabernet Sauvignon. Faible production de sucre, bonne acidité. Donne des vins bien structurés, colorés et tanniques, avec des arômes complexes et persistants
- Castets (origine Sud-Ouest) : cépage historique oublié de Bordeaux. Peu sensible à la pourriture grise, à l’oïdium et surtout au mildiou. Permet d’élaborer des vins de garde colorés.
- Marselan (origine INRA, 1961) : croisement entre le Cabernet Sauvignon et la Grenache. Cépage tardif, peu sensible à la pourriture grise, à l’oïdium et aux acariens. Permet d’élaborer des vins colorés, typés, de grande qualité et aptes au vieillissement.
- Touriga Nacional (origine Portugal) : variété très tardive, moins exposée au risque de gel printanier. Pas de sensibilité particulière aux maladies cryptogamiques, à l’exception de l’excoriose. Donne des vins d’excellente qualité, complexes et aromatiques, corsés et structurés, colorés, aptes au vieillissement.
Cépages blancs :
- Alvarinho (origine péninsule ibérique) : qualités aromatiques prononcées qui contrebalancent la perte d’arôme provoquée par le réchauffement climatique. Peu sensible à la pourriture grise. Potentiel en sucre moyen qui permet d’élaborer des vins aromatiques, fins, avec une bonne acidité.
- Liliorila (origine INRA, 1957) : comme l’Alvarinho, qualités aromatiques prononcées. Donne des vins aromatiques, puissants et bouquetés.
Beaucoup d’études sur ces nouveaux cépages sont encore menées actuellement dans d’autres régions. Le changement prendra plusieurs années mais les vins tendent à évoluer petit à petit.
A quoi devons-nous nous attendre si la situation climatique ne change pas dans les prochaines années ?
Si la situation reste telle quel, il faut compter +3° à 5° d’ici 2100. Greenpeace a mené une étude qui démontre que pour continuer à produire du vin, les vignobles actuels devraient se déplacer de 1000km vers l’hémisphère nord ou de 1000km vers l’hémisphère sud. Ainsi les grands crus pourraient être produits au Royaume Unis en Norvège ou bien au Danemark. Ces pays ont déjà commencé à produire du vin. En 40 ans le Royaume-Uni est passée de quelques vignobles à plus de 700 aujourd’hui.
Nous espérons quand même que d’ici 2050 la température aura été limitée au-dessous des 2° grâce aux engagements de la COP21 et que nous pourrons encore apprécier les bons vins français car les vignobles auront su s’adapter au réchauffement climatique.