Samedi dernier nous avons passé une journée captivante au Château Coutet à Saint-Emilion pour apprendre tout le travail et les choix du vigneron en cave pour vinifier, élever et assembler ses vins avant qu’ils n’arrivent dans la bouteille. Nous avons découvert qu’il y a beaucoup plus à faire que ce que l’on peut penser au premier abord, et une multitude de techniques et d’outils que le vigneron peut utiliser pour influencer la structure, le goût et les qualités aromatiques du vin.

La journée était organisée en plusieurs ateliers pour explorer les différents aspects de la vinification et de la dégustation. Dans le chai de fermentation Alain David-Beaulieu, le vigneron du Château Coutet, a expliqué comment les raisins étaient réceptionnés au chai pendant les vendanges et tout le travail pendant les phases de macération et de fermentation.

Il nous a montré le vieux pressoir qui est utilisé depuis plus de 100 au domaine pour presser le marc qui reste au fond des cuves après le soutirage. Cela donne le vin de presse, qui est élevé séparément et mis de côté pour être utilisé plus tard au cours de l’élaboration du vin.
Une fois les fermentations terminées, certains des lots de différents cépages sont préassemblés, et transférés dans des fûts de chêne. Il y a un mélange de fûts neufs et anciens qui ont déjà servi pour un ou deux millésimes, et Alain nous a expliqué le rôle de ces fûts dans l’élevage du vin. Il nous a aussi parlé du travail dans le chai à barriques pour bâtonner les lies, ouiller pour compléter la part des anges, et surveiller les vins sur plusieurs mois.

Avant de déguster les vins, nous avons fait un atelier amusant pour tester notre sens de l’odorat. Nous devions identifier des arômes que l’on peut trouver dans le vin, et nous avons découvert lesquels étaient dus aux cépages et au terroir, et lesquels étaient plutôt le résultat de l’élevage en barrique.

Dans le chai de fermentation nous nous sommes réunis autour de quelques barriques pour un atelier de dégustation et d’assemblage du vin. D’abord nous avons dégusté trois vins à l’aveugle pour deviner lequel était le merlot, lequel le cabernet franc et lequel le malbec. Une fois que nous avons trouvé et discuté des caractéristiques de chaque cépage, nous avons essayé de les assembler pour voir comment le changement des proportions de chaque cépage changeait le vin assemblé.

Nous avons ensuite dégusté à l’aveugle trois autres vins de 2017, qui venaient de finir leurs fermentations. Exactement les mêmes vins mais l’un était élevé en cuve, l’autre dans un nouveau fût de chêne et le dernier dans un fût de chêne ancien. Les vins avaient été mis dans leurs contenants seulement quelques semaines auparavant, et pourtant on pouvait déjà sentir la différence.

Après cette matinée bien remplie, nous étions prêts pour le repas ! Avant de s’asseoir pour le déjeuner nous avons goûté un Clairet, c’est un rosé assez prononcé qui est fait par écoulement du vin au début de la phase de macération.

Avec le menu du jour, salade landaise de confit de canard et sa sauce bordelaise, gratin de légumes, fromage et café gourmand, nous avons dégusté les millésimes 2014 et 2015 du Château Coutet Saint-Emilion Grand Cru, et 2014 du Château Belles-Cimes, le second vin du domaine.

Durant la conversation du repas nous avons découvert l’histoire extraordinaire de la Cuvée Emeri. En nettoyant la cave familiale, Alain a retrouvé une bouteille enfouie dans le sol en terre. La bouteille était toujours pleine et fermée avec un bouchon de verre en forme de cœur. Après avoir fait analyser la bouteille il a découvert qu’elle date de 1750 environ, ce qui en fait une des plus vieilles bouteilles dans le monde ! Adrien, le neveu d’Alain, a eu l’idée de recréer le vin qu’elle contient quasiment à l’identique, en utilisant les plus vieilles vignes du domaine. Ce sont des vignes où tout le travail est réalisé entièrement à la main, ou avec le cheval quand il faut travailler le sol. Les raisins sont ensuite cueillis et triés à la main, grain par grain. Le vin produit est mis dans des bouteilles uniques qui sont fabriquées individuellement par un des souffleurs de verre français les plus renommés. Et le bouchon est bien sûr en forme de cœur, tout comme l’original. Cela a pris quatre ans au maître souffleur pour recréer une bouteille étanche au liquide et à l’air de ce genre !

Après le repas nous sommes montés sur le plateau où les vignes surplombent le village Saint-Emilion, qui se situe à moins d’un kilomètre. C’est l’un des endroits les plus prestigieux du vignoble de Saint-Emilion et c’est ici que se trouvent les vignes adoptées par Gourmet Odyssey. Nous avons pris quelques minutes pour prendre des photos souvenirs et profiter de la vue. Sur le chemin du retour nous avons parlé des différents terroirs et du travail actuellement en cours pour tailler la vigne et attacher les baguettes sur les fils de palissage.

De retour au domaine nous avons parlé de la préparation du vin pour sa mise en bouteille. Nous avons débattu sur le rôle des sulfites et discuté du choix des bouchons. Nous avons ensuite vu la machine à étiqueter en plein travail pour mettre les capsules et les étiquettes sur les bouteilles juste avant de les vendre.
Et c’était déjà la fin de la journée. Nous avons appris tant de choses, et toute la complexité du travail de vigneron. Il faudra maintenant être patients pendant que notre vin est élevé lentement, mais attendre nos Alain et Juliette du Château Coutet, et à tous les participants, d’avoir fait de cette journée un beau moment !