
Tout au long de l'année, différents Saints sont invoqués et fêtés à des moments critiques du cycle de la vigne : Saint Morand de Cluny, par exemple, célébré le 3 juin, notamment en Bourgogne, en Champagne ou en Alsace, protègerait des gelées tardives et favoriserait une bonne floraison. Cela viendrait d'une légende selon laquelle un jour que son prieuré manquait de vin pour ses convive, il fit un signe de croix sur un tonneau qui immédiatement se remplit de vin. La Saint Vincent, elle, a longtemps marqué la fin du repos hivernal de la vigne, même si de nos jours les caprices de la météo remettent quelques fois la tradition en cause.
Cette grande diversité de Saints patrons trouverait son origine dans la tradition religieuse et les livres racontant la vie des martyrs, où le vin est souvent assimilé au sang versé. Mais dans les versions plus terre à terre, les Saints ont quelques fois simplement la réputation d'être à l'origine de la viticulture dans certaines régions : c'est Saint Martin au 4e siècle, par exemple, qui aurait introduit la culture de la vigne dans le Val de Loire, et son âne aurait même découvert le principe de la taille. A l'abbaye de Marmoutier près de Tours, la brave bête broute quelques sarments de vigne. Aux vendanges suivantes les moines constatent que, quoique moins nombreuses, les grappes sont beaucoup plus grosses, et les raisins de bien meilleure qualité sur les pieds grignotés par l'animal.

Une autre figure est bien connue des vignerons : celle de Saint Vernier, transposition francophone du Saint allemand Werner. Il a été assassiné en 1287 et son corps a été retrouvé le Vendredi Saint ; Werner a alors été considéré comme un martyr, et son culte est apparu au XVIe siècle en Lorraine et en Franche-Comté, appartenant alors au Saint Empire germanique. En Auvergne, il est connu sous le nom de Saint Verny. On l'a honoré jusqu'au XIXe siècle. Mais il ne fit rien pour protéger le vignoble contre le phylloxera, et les vignerons en colère jetèrent ses statues dans l'Allier ou dans les fontaines des villages. Pas toujours très facile d'être un Saint !
Au XXe siècle, le culte de Saint Vincent est devenu le plus répandu. Saint Vincent, diacre et évêque de Saragosse, est mort sous la torture en l'an 304. L'histoire raconte que lors du siège de Saragosse en 542, Childebert, roi de Paris, et Clotaire, roi de Soissons, ont été touchés par la piété des habitants entrés en procession derrière les reliques de Saint Vincent : ils auraient donc négocié les reliques contre la levée du siège. Celles-ci ont alors été déposées à Paris, à l'abbaye Sainte-Croix-Saint-Vincent, devenue Saint-Germain-des-Prés, où les moines cultivaient la vigne. Et un Saint Patron était né ! Depuis 1938 il est mis à l'honneur une fois par an à l'initiative de la confrérie des chevaliers du tastevin en Bourgogne.

Une multitude d'autres traditions perdurent encore de nos jours comme par exemple le 15 août, jour de l' Assomption, d'offrir les prémices de la vigne, à savoir les premières grappes, à la Vierge Marie. Vigne, vin et Saints sont donc intimement liés mais ce n'est pas le seul exemple de patronage lié à la gastronomie : pour n'en citer que quelques uns Saint André patron des pêcheurs et poissonniers , Saint Antoine du Désert, patron des charcutiers et porchers, Saint Honoré, patron des boulangers, pâtissiers et confiseurs, etc.
Commentaires
Aucun commentaire.